Le Rajeunissement des Stations Thermales : Facteurs et Tendances
Si le thermalisme est le plus souvent, assimilé à la « Silver-économie », force est pourtant de constater que de nombreuses stations ont connu un rajeunissement notoire de leur fréquentation. Tout dépend bien sûr, de l’orientation et de la région, mais la cure thermale, sans encore être devenue « The place to be », est loin d’être considérée comme « ringarde » par les plus jeunes. Quels sont les facteurs qui permettent à cette industrie de connaitre une telle cure de jouvence ? Voici quelques pistes...
Les orientations tous âges et tous publics
Notons tout d’abord que le thermalisme, après avoir, comme tous les secteurs économiques, mangé son pain noir durant la crise sanitaire, a retrouvé un vrai nouveau souffle. En 2023, 460 000 personnes ont ainsi suivi une cure thermale médicalisée, soit une augmentation de près de 6 % par rapport à 2022 (source : Conseil National des Établissements thermaux). Or, si 70% des cures sont orientées en rhumatologie, générant ainsi un public à la moyenne d’âge plutôt élevée, les 30% restant représentaient, tout de même, en 2021, un peu plus de 131 000 personnes, se répartissant sur les autres orientations, à savoir :
- Les voies respiratoires (asthme, bronchite à répétition, rhinite, sinusite, otite, allergie respiratoire, angine…),
- La gynécologie (règles douloureuses, douleurs menstruelles ou pelviennes, endométriose, ménopause, hystérectomie…),
- Les maladies cardio-artérielles (artérite des membres inférieurs, phénomène de Raynaud, hyper-tension artérielle, séquelles d’infarctus…),
- Les affections digestives et maladies métaboliques (trouble du transit intestinal, maladie de Crohn, constipations chroniques, obésité́…),
- Les affections urinaires et maladies métaboliques (infections urinaires, calculs urinaires, surpoids, obésité́…),
- Les affections des muqueuses bucco-linguales (gingivite, bouche sèche, lichen plan buccal, aphtose, intolérance aux prothèses, maladies parodontales…),
- La dermatologie (démangeaisons, cicatrices de brulures, prurits chroniques, eczéma, acnés, psoriasis…),
- La phlébologie (jambes lourdes, varices, ulcères veineux, thrombose veineuse, séquelle de phlébite, troubles vasculaires des extrémités…),
- La neurologie (maladie de Parkinson, sclérose en plaques, séquelles d’accident vasculaire cérébral, hémiplégie, maladie de Charcot, fibromyalgie…),
- Les affections psychosomatiques (stress, anxiété, burn-out, fatigue chronique, fibromyalgie, troubles du sommeil…),
- Les trouble du développement chez l’enfant (fatigue, perte d’appétit, anémie, déséquilibres psychoaffectifs, troubles de la statique, maladies osseuses de la croissance, anorexie mentale, énurésie…).
La plupart des troubles décrits dans ces 11 orientations touchent des populations extrêmement variées tant en termes de genre, que d’âge. Or le fait que les médecins orientent de plus en plus leurs patients vers la cure thermale pour soigner ces différents maux, diversifie leur typologie. Les séniors habitués des lieux croisent ainsi dorénavant, au gré des couloirs des centres, de plus en plus de jeunes enfants venus soigner leur énurésie, de futures mamans cherchant à soulager leurs jambes lourdes, ou encore de jeunes actifs venus se remettre d’un burn-out.
Les cures courtes
Les cures libres, ou mini cures sont des séjours de 3, 6, 9 ou 12 jours traitant les indications médicales de la station. Elles permettent de répondre aux attentes de patients qui ne disposent pas forcement des trois semaines nécessaires au suivi d’une cure thermale traditionnelle conventionnée, mais sont tout de même désireux de soulager leurs douleurs, se ressourcer, ou, tout simplement, s’offrir une pause bien-être. Ces séjours ne sont pas soumis à prescription et ne sont pas remboursés par la Sécurité Sociale mais peuvent pourtant être précieux en termes de prévention, permettant parfois d’éviter que des petits problèmes de santé ne se transforment en maladie chronique. Ils permettent aussi à une patientèle plus jeune, de « tester » les infrastructures et les soins sur une courte durée.
Le phénomène du télétravail
La crise sanitaire à nuit au secteur du thermalisme, certes ! Mais elle lui a aussi fait un cadeau magistral... En généralisant la pratique du télétravail, elle a permis l’émergence de nouvelles pratiques. On voit ainsi maintenant se multiplier de jeunes curistes actifs qui n’ont ni arrêt de travail, ni congés, mais qui conjuguent cure, et travail à distance. Seuls impératifs : disposer d’un créneau d’environ 1h30 quotidien pour se consacrer aux soins, d’une bonne connexion wifi, et d’un endroit calme pour se mettre ensuite au travail !
Effectuer une cure en famille
Certaines pathologies congénitales affectent des familles entières. Guillaume, par exemple, nous a raconté souffrir, comme ses quatre enfants, d’une épidermolyse bulleuse. Ils soignent cette maladie en famille, via une cure en dermatologie effectuée chaque année à Avene. Au-delà de soulager petits et grands, ces séjours se sont transformés en un lieu de vacances riche de souvenirs. La petite tribu, quand vient l’heure de la cure, retrouve une bande d’amis au centre, et au cœur de cette petite ville du Haut Languedoc ; laquelle offre sa précieuse eau thermale, mais aussi un cadre montagneux, exceptionnel, et des divertissements qui ont séduit Guillaume... Au point qu’il y achète une maison de campagne !